Стихотворения 1823-1836

Страница: 1 ... 142143144145146147148149

Il vivait ainsi dans les environs de Scign, se souciant fort peu de ses parents, dont il ignore encore le destin, car il n'a jamais ete a Zuonigrad depuis son enlevement.

A vingt-cinq ans c'etait un beau jeune homme, fort, adroit, bon chasseur et de plus poete et musicien celebre; il etait bien vu de tout le monde, et surtout des jeunes filles. Celle qu'il preferait se nommait Marie et etait fille d'un riche morlaque, nomme Zlarinovich. Il gagna facilement son affection et, suivant la coutume, il l'enleva. Il avait pour rival une espece de seigneur du pays, nomme Uglian, lequel eut connaissance de l'enlevement projete. Dans les m?urs illyriennes l'amant dedaigne se console facilement et n'en fait pas plus mauvaise mine a son rival heureux; mais cet Uglian s'avisa d'etre jaloux et voulut mettre obstacle au bonheur de Maglanovich. La nuit de l'enlevement, il parut accompagne de deux de ses domestiques, au moment ou Marie etait deja montee sur un cheval et prete a suivre son amant. Uglian leur cria de s'arreter d'une voix menacante. Les deux rivaux etaient armes suivant l'usage. Maglanovich tira le premier et tua le seigneur Uglian. S'il avait eu une famille, elle aurait epouse sa querelle, et il n'aurait pas quitte le pays pour si peu de chose; mais il etait sans parents pour l'aider, et il restait seul expose a la vengeance de toute la famille du mort. Il prit son parti promptement et s'enfuit avec sa femme dans les montagnes, ou il s'associa avec des heyduques 3.

Il vecut longtemps avec eux, et meme il fut blesse au visage dans une escarmouche avec les pandours4). Enfin, ayant gagne quelque argent d'une maniere assez peu honnete, je crois, il quitta les montagnes, acheta des bestiaux et vint s'etablir dans le Kotar avec sa femme et quelques enfants. Sa maison est pres de Smocovich, sur le bord d'une petite riviere ou d'un torrent, qui se jette dans le lac de Vrana. Sa femme et ses enfants s'occupent de leurs vaches et de leur petite ferme; mais lui est toujours en voyage; souvent il va voir ses anciens amis les heyduques, sans toutefois prendre part a leur dangereux metier.

Je l'ai vu a Zara pour la premiere fois en 1816. Je parlais alors tres facilement l'illyrique, et je desirais beaucoup entendre on poete en reputation. Mon ami, l'estimable voivode Nicolas***, avait rencontre a Biograd, ou il demeure, Hyacinthe Maglanovich, qu'il connaissait deja, et sachant qu'il allait a Zara, il lui donna une lettre pour moi. Il me disait que, si je voulais tirer quelque chose du joueur de guzla, il fallait le faire boire; car il ne se sentait inspire que lorsqu'il etait a peu pres ivre.

— 147 —
Страница: 1 ... 142143144145146147148149